La question de la semaine (#12)
12 Qui sont uke, tori et aïte ?
« Tori » et « uke » sont deux termes japonais spécifiques au monde des arts martiaux, utilisés pour désigner deux pratiquants travaillant ensemble selon le rôle qu’ils tiennent à un moment donné. En aïkido, uke est celui qui attaque et reçoit la technique, tori celui qui est attaqué et exécute en réponse la technique. Uke est également parfois appelé aïte même si ce terme pourrait en réalité s’appliquer aux deux partenaires (il signifie littéralement « la main d’en face »).
Si cette définition est un bon moyen de comprendre dans un premier temps chacun de ces deux rôles, elle reste cependant insuffisante pour en saisir toute la richesse. Il ne faut en effet par exemple pas imaginer que, parce que l’attaquant se trouve projeté ou immobilisé, tori est le vainqueur, uke le vaincu. C’est en effet dans un esprit d’échange que chaque pratiquant doit assumer tour à tour ces deux rôles.
Uke, par exemple, n’a pas pour objectif de pourfendre son vis à vis, ni de subir passivement la technique de tori. Il doit en revanche mettre en place une attaque sincère et proportionnée, qui permettra à son partenaire de travailler à son niveau et, ainsi, de progresser. Le contexte d’une « attaque » en aïkido est bien celui d’une étude, la mise en échec d’autrui n’est recherchée de la part d’aucun des deux protagonistes.
Le rôle d’uke ne s’arrête pas non plus là : il est lui-même en train d’apprendre. Par l’attention portée à son placement, par son souci de construire une attitude juste, de s’inscrire dans le sens « naturel » du déplacement, il est déjà en situation d’étudier le mouvement proposé et les principes de l’aïkido qui s’y expriment. Certains considèrent que c’est lorsqu’il remplit parfaitement ce rôle, quand il est lui-même vivant dans la pratique, qu’uke peut commencer à être appelé aïte.
Tori, pour sa part, doit toujours rester disponible aux réactions de son partenaire, non seulement pour y inscrire son exécution du mouvement (c’est à ce premier titre que l’on comprend souvent « l’union des énergies » qui définirait l’aïkido), mais aussi pour préserver l’intégrité physique de son partenaire.
On voit bien comment la question de la répartition des rôles lors du travail en aïkido renvoie directement à celle de l’efficacité de cet art martial.