La question de la semaine (#34)
34 Shomen ushi, est-ce vraiment sérieux ?
Il est certain que les attaques en aïkido s’éloignent fortement de celles auxquelles on pourrait être confronté au cours d’une bagarre dans l’arrière-salle enfumée d’un bar de nuit un peu louche… C’est parce que le dernier mot de l’aïkido n’est pas la recherche d’une efficacité martiale. Essayons de mieux comprendre cela.
Shomen ushi est une attaque verticale réalisée avec le tranchant de la main (shuto). Il s’agit d’une forme d’atemi, dont la cible est le haut du crâne, certainement la fontanelle antérieure. La réalisation de ce geste tel qu’il est pratiqué dans les dojos est souvent très épurée, à la limite parfois du stéréotype, de sorte que l’on reproche souvent à l’aïkido le manque de réalisme de cette attaque, pourtant l’une des plus fondamentales de son répertoire.
Cette attaque, pratiquée à main nue, dérive très directement du travail au sabre (ken), où elle semble immédiatement tout à fait convaincante. Il ne faut pas oublier que l’aïkido intègre au plus profond de lui les principes de ce travail au sabre, dont O Sensei était un pratiquant émérite. Ce sont entre autres choses ces principes que l’on cherche à retrouver dans le travail à mains nues.
La réalisation de cette coupe, à main nue, n’a donc pas en premier lieu dans le cadre de l’aïkido de valeur directement guerrière. En d’autres termes : il ne s’agit pas réellement de chercher à terrasser son partenaire en l’attaquant verticalement, encore moins de le surprendre, le prendre en défaut. Il s’agit au contraire, en réalisant une attaque codifiée aux formes relativement simples, de lui fournir le contexte le plus propice à l’étude des principes qui régissent l’aïkido.
La question du réalisme de l’attaque shomen ushi n’est donc pas primordiale – ce qui ne signifie pas qu’elle ne puisse jamais trouver de réponse positive, comme vous le découvrirez peut-être avec certains partenaires.