La question de la semaine (#35)

35 Pourquoi s’attaque-t-on par derrière par devant ?

 Parmi la variété des situations de travail qu’il propose, l’aïkido étudie un ensemble de saisies réalisées dans le dos de tori. Ce travail arrière (ushiro waza) fait partie intégrante du programme de tous les passages des grades. Il peut être réalisé aussi bien debout (tachi waza) que dans une position asymétrique, tori se tenant à genoux, uke étant pour sa part debout (hanmihandachi waza).

Ce travail, fondamental en aïkido, étonne parfois les débutants, qui ne comprennent pas pourquoi ces saisies, arrières, sont réalisées à partir d’une situation initiale dans laquelle les deux partenaires se font face.

Pourquoi uke fait-il « le tour » de tori pour venir lui saisir les deux poignets ? Pourquoi tori se laisse-t-il ainsi contourner pour se laisser mettre dans une situation qui ne lui est pas avantageuse ?

Il faut comprendre que cette situation de travail ne correspond pas à une situation réaliste : les saisies arrières ainsi effectuées n’ont pas pour but de neutraliser un adversaire belliqueux. En réalité, la situation de travail est bien plus complexe qu’il n’y paraît, et c’est une véritable « communication » qui se met en place entre les deux partenaires, qui a bien des égards est la véritable finalité de ce travail.

Ce jeu d’actions et de réactions complexe entre tori et uke peut par exemple être schématisé ainsi : dans un premier temps, uke entre en contact avec tori sans avoir l’intention de passer dans son dos (prise de garde ou atemi) ; c’est ensuite tori qui, par son déplacement, donne à uke l’opportunité de passer dans son dos. Tout en créant cette opportunité, tori doit s’assurer qu’il gardera le contrôle de cette situation et préparer la réalisation de son mouvement. La nature exacte de la saisie d’uke (ryote dori, saisie des deux mains, ryo kata dori, saisie des deux épaules, katate dori kubishime, étranglement avec contrôle d’un poignet…) dépend d’ailleurs en grande partie de l’action de tori.

Le travail ushiro est l’occasion de développer une perception des déplacements du partenaire, une capacité à construire des mouvements d’aïkido plus longs, mais aussi de travailler sur son centrage, son unité corporelle (shisei).

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